mardi 7 septembre 2010

Lili, 26 ans.

Je n\'ai jamais eu de problème gynéco à part des cycles trèèèèès irréguliers voir inexistants.
Zéro mycose, frottis toujours normal.
C\'est donc confiante et juste par habitude que j\'ai refais mon frottis annuel au mois d\'avril.
15 jours plus tard, je vais chercher mon courrier et ouvre machinalement la lettre du résultat d\'analyse de mon frottis.
Frottis anormal.... Merci de contacter rapidement votre gynécologue...
Gnéééé? c\'est quoi ce bin\'s?
Infection par HPV dysplasie modérée et lésions de bas grade....
Bon, le gygy est rassurant, il me dit de ne pas m\'inquièter, que beaucoup, beaucoup de femmes contractent le papillomavirus et que mon corps va normallement l\'évacuer tout seul. Il me refera un frottis de contrôle dans six mois au lieu d\'un an histoire de vérifier que mon organisme a bien éliminé la \"bête\".
Bon c\'est rien mais c\'est quand même le choc. Impossible de savoir comment je l\'ai contracté, je ne le saurai malheureusement jamais... Impossible de savoir non plus depuis combien de temps il dort en moi car il peut se réveiller des années après la contamination, voir jamais. Un choc émotionnel peut entrainer son réveil. C\'est qu\'il est vicieux dis donc ce papillon pas beau!
Psychologiquement, j\'ai eu un peu de mal à digérer l\'annonce même si je sais que ce n\'était rien du tout.
Je me suis sentie comme une pestiférée de la choupinette! Je crois que la part de culpabilité est grande dans des infections comme celles là. Pourquoi la culpabilité? Bonne question! Je ne le sais pas mais c\'est comme ça.
Et puis difficile d\'imaginer que quelque chose grignotte nos cellules internes alors que nous n\'en avons aucun symptome. Pas de fatigue, pas de douleur, pas de pertes anormales, rien... Et pourtant, c\'est bien là.
Je me suis sentie également affectée dans ma féminité. Pour moi l\'utérus, le bas ventre en général est vraiment le siège de la femme. Et savoir que quelque chose d\'indésirable est venue prendre racine à l\'intérieur de ma choupinette, ça m\'a blessée dans mon corps de femme....
Bref, j\'ai continué ma vie comme si de rien était avec cette épée de Damoclès au dessus de ma tête maquillée et brushée!
En octobre, nouveau frottis, mon gynéco est confiant, il est très rare que le papillomavirus s\'aggrave et surtout en aussi peu de temps.
Au pire il a stagné et on fera un nouveau contrôle dans peu de temps pour voir si mon corps l\'élimine comme il faut, au mieux il est parti et Youpiiiiii c\'est la fête du tanga!
Donc, c\'est reparti, on dit bonjour au monsieur, on quitte la petite culotte en dentelle, on s\'installe sur le siège de torture les pattes écartées et épilées et on laisse le docteur faire ses prélevements. ça ne fait pas mal, c\'est juste un peu désagréable surtout que gygy bin c\'est pas Brad Pitt.
Au revoir monsieur, j\'attendrai sagement les résultats !
Et me voilà donc à attendre de nouveau avec cette question \"il est parti??\"
Je pense que oui, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.
Je vais bien, je me sens bien...
15 jours et au moins 257 triturages de cerveau plus tard, je cours à la boite aux lettre et dechire l\'enveloppe contenant mes précieux résultats qui me liberont de ce satané virus!
Sauf que...
Sauf que on a beau prier tous les Saints de la terre, sauf qu\'on a beau se sentir normale et en pleine santé, bin on a bel et bien un truc qui cloche...
Résultats du frottis pas bon, la chrysalide a bien mutée...
Petit mot du gygy: appellez moi dès que vous recevez ce compte rendu...
Heu? C\'est encourageant?
Appel au gynéco, qui me donne rendez vous pour le lendemain. Rassurant quand on sait que les délais pour avoir un rendez vous sont longs comme une écharpe tricotée avec 230 pelotes de laine!
La nuit fût horrible, je dédaigne vraiment ces comptes rendus froids qui nous sautent à la figure dans un jargon médico incompréhensible. C\'est certain que l\'humanisme est partout sauf dans les comptes rendu médicaux....
- Bonjour Monsieur

- Bonjour Lili. J\'ai sous les yeux les résultats de ton dernier frottis. (sans blague?) et ce n\'est pas bon. (re sans blague??)

Il y a six mois, ton compte rendu indiquait la présence d\'une infection par HPV endormi avec quelques cellules anormales et des lésions de bas grade qui laissait entendre que tout allait se résorber grâce à ton système immunitaire.
Sauf, que ton Papilloma s\'est réveillé et a infecté beaucoup plus de cellules, la dysplasie est devenue importante et à la vitesse où ça va, on ne va pas prendre le risque que cela se transforme en cancer dans six mois.
Baoooouuuum! Là c\'est juste moi qui ai failli tomber de ma chaise!
-Pour le moment ce n\'est pas cancéreux, ce sont des cellules pré cancéreuses qui laissent présager qu\'il y a un risque que cela se transforme en cancer dans quelques temps si on laisse trainer. Et dans la mesure où tu es jeune et a un désir d\'enfant à terme, on ne peut pas prendre le risque d\'attendre plus longtemps. Je vais te recommander à une collègue chirurgienne qui verra ça avec toi.
Ne t\'en fais pas, ça va aller, une petite intervention et ça sera fini. Ce n\'est pas cancéreux pour le moment...
- Merci, au revoir Monsieur....

J\'ai eu malgré un planning très serré la chance d\'avoir un rendez vous avec la gynécologue chirurgienne la semaine suivante.
Elle m\'a expliqué qu\'on suspectait dans mon cas une dyplasie modérée voir sévère avec des lésions de haut grade, qui n\'étaient pas cancéreuses pour le moment mais qu\'il fallait tout de même traiter rapidement afin de ne prendre aucun risque. Car même si les risques sont faibles, on ne peut pas les prendre...
Elle m\'explique qu\'elle va donc me faire une colposcopie (regarder mon col avec une loupe) pour visualiser les cellules touchées et voir de visu comment ça se passe là bas dedans, puis faire des biopsies qui partiront en analyse afin de confirmer le diagnostique.
Me voilà donc de nouveau sans culotte (la pudeur devient secondaire!) les pattes écartées avec Madame la chirurgienne une sorte de méga loupe avec spot intégré en train de me regarder l\'intérieur de la choupinette! La classe hein?
Puis, les biopsies qui consistent à prélever les morceaux de tissus touchés. Je vous le dis, ce n\'est pas du tout une partie de plaisir... C\'est douloureux un peu et l\'on saigne pendant quelques temps par la suite...
Puis elle m\'explique que si les résultats confirment l\'avancée et le haut grade des lésions, on procédera à une conisation de mon col afin de me débarasser de tout ça.
QU\'EST-CE QU\'UNE CONISATION ?
La conisation consiste à enlever chirurgicalement une portion du col utérin.
Elle est réalisée le plus souvent devant l\'existence d\'anomalies du col appelées dysplasies. En l\'absence de traitement, ces lésions peuvent évoluer après plusieurs années vers un véritable cancer du col de l\'utérus, ce qui justifie l\'ablation d\'une portion de celui-ci.
L\'intervention a deux buts principaux.
1. Elle permet de confirmer le type exact d\'anomalie du col et son étendue.
2. Le plus souvent, elle est également thérapeutique, c\'est à dire qu\'elle suffit à permettre l\'ablation complète des lésions de dysplasie et donc à éviter l\'évolution vers un cancer invasif.
10 jours plus tard, nouveau rendez vous de programmé pour voir les résultats.
Résultats confirmés, je dois donc subir une intervention le 14 janvier 2010 pour retirer de mon col de l\'uterus les cellules malades...
L\'intervention se déroulera sous anesthésie générale et permettra de retirer mes cellules pré cancéreuses.
Pour les plus courageuses, je vous laisse un lien qui vous permettra de voir comment se passe cette opération.

http://www.bonjour-docteur.com/article.asp?IdArticle=908&IdBloc=3

Me voilà donc dans l\'attente de mon intervention...
Tout ça pour vous dire, que j\'ai 26 ans, que je vais bien, mais que cependant j\'ai des cellules pré cancéreuses qui sont en train de grignotter mon col de l\'utérus...
Je vais devoir me faire opérer pour éviter le cancer à terme. Et tout cela, je ne m\'en serai jamais doutée sans un frottis de contrôle...
Des femmes meurent encore dans le monde et en France à cause du Papillomavirus, alors, parlez en autour de vous, faites vacciner vos enfants, et surtout, faites des frottis.
Un frottis peut vous sauver la vie, un frottis m\'a sauvé la vie...

Sylvie, 31 ans.


Je me lance…après bien des hésitations, je vais finalement vous raconter le contexte de ma grossesse et de la naissance de Samuel.

J’ai pris la pilule pendant près de 15 ans non-stop et nous pensions qu’il me faudrait un peu de temps avant de tomber enceinte. Mais après 1 petit mois, bébé était en route ! Un immense bonheur !

Le début de ma grossesse se passait bien, mis à part de fortes nausées que connaissent beaucoup de futures mamans. Vers 4 mois, j’ai eu des soucis d’infection urinaire, d’infections microbiennes et très vite des pertes de sang de plus en plus abondantes.
Rien d’anormal à l’écho, la gynéco a mis du temps avant de me prendre au sérieux.
Finalement, au 5e mois, elle me fait un frottis (normalement on évite pendant la grossesse). Elle me rappelle quelques jours plus tard pour une biopsie. Bien sûr, je commence à paniquer même si mon entourage essaye de me rassurer.
3 jours plus tard, appel de la gynéco, elle veut que j’aille la voir pour discuter des résultats. Oui, c’est alarmant, non elle ne peut m’en dire plus par tel. Je sais déjà que ça n’annonce rien de bon, et je pense au cancer.
Dans son cabinet, le verdict tombe : CANCER du col de l’utérus. Il est très invasif.
Il semblerait que j’ai été infectée peut être il y a des années déjà par le pappillomavirus, et le cancer s’est déclenché avec le bouleversement hormonal de la grossesse. C’est très rare, mais ça tombe sur moi. Aujourd’hui il existe un vaccin contre ce virus pour les adolescentes. Ah si seulement j’avais pu en profiter.
La gynéco ne peux pas me donner la moindre précision sur la suite des évènements me concernant et concernant le fœtus. Elle me prend rdv avec un spécialiste de l’hôpital de Bordeaux. 4 jours d’attente interminables. Angoisse, larmes…

Il va falloir attendre ensuite une semaine de plus sans savoir si je pourrai ou non garder bébé, sachant qu’il faudrait très certainement m’enlever l’utérus après avoir subi chimio et radiothérapie. Finalement, le chirurgien m’appelle pour me dire qu’il est décidé que je garde bébé jusqu’au 7e mois de grossesse (32 SA précisémment).

Le 5 mars 2009, sous anesthésie générale, on me fait une césarienne (verticalement, 50 points de suture), puis curage ganglionnaire et transposition ovarienne pour éviter que les rayons ne me les crament (et tant qu’on y est, on m’enlève l’appendice).
L’opération durera 6 heures au total, c’est très lourd. Je passerai 3 jours en soins intensifs et 17 jours en tout à l’hôpital. Ma petite crevette, on me l’emmènera de façon très brève que le 2e jour. Il restera une semaine en couveuse et un petit mois au service de néonatalogie. Heureusement, il va bien.
Pour moi, c’est très dur, je suis clouée au lit, les suites de l’opération sont lourdes. L’allaitement était quelque chose auquel je tenais énormément, c’est pourquoi j’ai tiré mon lait dès le 2e jour (on le jettait car j’étais sous morphine). Dès que j’ai pu et dès que bébé a eu le réflexe de succion, j’ai pu l’allaiter. Au départ il était nourri à l’aide d’une sonde gastrique. Quel bonheur de partager ce moment avec mon enfant!
Retour à la maison, bébé reste encore à l’hôpital. Un VSL (ambulance) vient me chercher tous les jours chez moi pour m’amener auprès de mon bébé.
15 jours plus tard, je dois commencer chimiothérapie et rayons. Je ne peux donc plus allaiter mais j’ai tiré mon lait au maximum afin de faire quelques réserves au congélateur.
Bébé est rentré à la maison mais chaque jour de la semaine je dois me rendre à l’hôpital (à 1h de route) afin de subir les rayons et la chimio. Heureusement ma mère est présente pour venir garder bébé à domicile.
Il y a des jours (et des nuits) très dures car la chimio me fatigue beaucoup et j’ai des nausées. Bébé se réveille toutes les 2 à 3 heures, mais le papa m’aide autant qu’il peut.
Période très complexe, où sont mélés le plus bel événement de toute ma vie, l’arrivée de mon enfant, et des moments très difficiles de la maladie. Pourtant, un enfant est le plus grand moteur que l’on puisse trouver ! J’ai le moral et il me tarde d’être guérie.
Début juin, fin des rayons et de la chimio. Fin juin, je dois encore repasser sur la table d’opération pour une hystérectomie (ablation de l’utérus). Nouvelle séparation avec bébé…
Une semaine d’hôpital plus tard, je rentre chez moi. Enfin, avec bébé !!!
Le marathon est terminé ! Je vais enfin pouvoir passer le reste de mon congé maternité comme n’importe quelle jeune maman.

Bien sûr, des regrets, j’en ai plein :
celui de n’avoir pas eu de grossesse « normale », sereine et jusqu’à 9 mois. Celui de ne pas avoir vécu la naissance de mon enfant, celui de ne pas avoir vécu l’arrivée de bébé comme le vivent la plupart des jeunes mamans, à la maison, tranquillement…et bien sûr, celui de me dire que je n’aurai pas de 2e : 2e grossesse, 2e accouchement, 2e bébé. Les moments gachés ne se rattraperont pas, ce qui est fait est fait.
Oui, j’ai aussi beaucoup de chance, j’ai un enfant (au moins un, mon petit ange, qui a bien failli ne jamais voir le jour !), et je suis en vie, je suis guérie.
J’ai des contrôle tous les 6 mois désormais, et j’espère ne pas avoir de récidive. En tout cas je m’efforce de ne pas y penser.

Un chéri, un amour de bébé, de vrais amis (c’est toujours dans ces moments qu’on les voit !), deux chiens, deux chats, une belle maison….la vie est belle ! ;-)

Merci à celles qui auront eu le courage de me lire jusqu’au bout !